Lorsque l’anxiété s’aggrave, on parle de troubles anxieux. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) en répertorie six:

  • le trouble anxieux généralisé,
  • le trouble d’anxiété sociale,
  • le trouble panique avec ou sans agoraphobie,
  • la phobie spécifique (par exemple la phobie des araignées, des hauteurs),
  • le trouble obsessionnel compulsif,
  • l’état de stress post-traumatique (ESPT)

L’ESPT s’apparente à l’attaque de panique, à la différence que la cause est connue : il s’agit d’un trauma, un événement traumatisant passé. Un trauma n’entraîne pas toujours un traumatisme. Le trauma peut être ponctuel ou répété.

On a longtemps cru qu’il fallait un événement particulièrement violent pour engendrer un traumatisme, notamment la guerre. On sait désormais que de nombreuses situations peuvent créer un EPST : viol, agression sexuelle, accident, catastrophe naturelle, opération, accouchement, négligence répétée pendant l’enfance… (qui sont tout aussi violents).

L’ESPT est physiologique. Comprendre ses mécanismes apportent déjà un certain soulagement (mais reste insuffisant) et permet surtout de déculpabiliser (c’est normal, ça se comprend, vous n’êtes pas cinglé·e, ce n’est pas dans votre tête, c’est dans votre corps).

Le problème du stress post-traumatique est double. D’une part le stress sur le moment, lors de la situation anxiogène, est beaucoup plus intense, au point que le cerveau peut « disjoncter ». D’autre part, l’équilibre ne se rétablit pas vraiment ensuite : le corps continue à croire que la situation anxiogène est présente, les hormones comme l’adrénaline ou le cortisol continuent à être libérées, avec tous les effets secondaires (respiration courte et rapide, coeur qui pulse, accumulation de tensions musculaires…). Le corps s’épuise, l’irritabilité s’installe durablement et la personne pique une crise ou sursaute « pour rien », a priori. Le moindre stimulus peut réactiver la physiologie du stress.

Dans l’ESPT, le corps continue à croire que la situation anxiogène ou l’événement traumatique, bien que passé·e, est encore présent·e.

Trois symptômes majeurs

L’ESPT se caractérise par trois symptômes majeurs et des troubles associés. Les symptômes majeurs sont :

L’INTRUSION : la personne revit l’événement traumatisant : reviviscence, flash-backs, cauchemars, pensées intrusives type ruminations. Se souvenir de l’événement réactive le stress intense vécu sur le moment. Ces intrusions ne sont pas contrôlées et peuvent surgir n’importe quand, et être réactivées par un stimulus anodin (ex : sentir sur votre voisin de métro le même parfum que votre agresseur > montée de stress, agitation, émotions, panique…).

L’ÉVITEMENT : la personne traumatisée tente d’éviter les situations et les facteurs déclencheurs qui pourraient lui rappeler le trauma : éviter d’y être confronté·e, éviter d’en parler. À force, cela peut mener à une amnésie partielle voire totale de l’événement traumatique. Ces évitements se trouvent aussi : dans l’évitement émotionnel (éviter de ressentir des émotions) pouvant minimiser même les émotions positives, et mener à une insensibilité émotive globale. Cet émoussement émotionnel peut entraîner la perte d’intérêt dans des activités qui passionnaient la personne, donc aller jusqu’à la dépression. Dans l’évitement relationnel : la personne se replie sur elle, s’éloigne de son entourage, s’isole et développe des difficultés relationnelles. Dans l’évitement du réel avec repli dans un monde imaginaire pour éviter ses pensées ou la réalité. Ceci mène à une déconnexion de soi, du monde, des autres.

L’HYPER-VIGILANCE : la personne est en hyper-vigilance, en état d’alerte quasi-permanent, par hyper-réactivité neuro-végétative. Le système nerveux est aux aguets. On reconnaît cela chez la ou le traumatisé·e à ses réactions de sursaut, sa grande irritabilité voire un comportement violent, ou encore une hypersensibilité, des troubles de l’attention et de la concentration, et enfin un sentiment de profonde fatigue physique et psychique, cette hyper-vigilance étant épuisante.

À ces trois symptômes s’ajoutent une série importante de troubles associés et plus variables : dépression, insomnies, somatisations, addictions, troubles du comportement alimentaire, idées suicidaires, et de nombreuses conséquences sur la santé physique, notamment dans le cas des violences sexuelles.

Une difficulté majeure doit être précisée : la personne n’a pas toujours souvenir de son événement traumatique, même (et surtout) s’il est très violent. On parle alors d’amnésie traumatique, étudiée par la Dr. Muriel Salmona.

Ainsi, des personnes peuvent souffrir d’EPST sans même le savoir, incapable de faire le lien entre leur état d’hyper-anxiété, leur hyper-émotivité et un trauma effacé de la mémoire. Ce qui accentue considérablement l’anxiété, car celle-ci semble sans raison.

Le corps au coeur du traumatisme

Parce que le Stress Post-Traumatique est avant tout physiologique, il est vital d’utiliser la thérapie psycho-corporelle dans l’accompagnement de la victime. Cet accompagnement doit être pluri-disciplinaire, selon les besoins de la personne : psychologue, psychothérapeute, médecin, psychiatre, thérapie psycho-coporelle comme… la sophrologie (mais pas seulement hein, je ne fais pas de prosélytisme, et le yoga est également très recommandé).

Ces dernières années, les publications et recherches se sont orientées vers l’apport fondamental du travail corporel.

Par exemple, le psychologue Peter Levine, spécialiste du traumatisme et auteur de Réveiller le Tigre et Guérir par delà les mots, nous explique comment le corps dissipe le traumatisme :

Le psychiatre Bessel Van Der Kolk, auteur du best-seller Le corps n’oublie rien, est l’un des spécialistes mondiaux du traumatisme. Son livre a largement contribué à comprendre et considérer la place du corps dans le traumatisme. Voici une de ses conférences (doublée en français), qui tacle au passage le retard considérable de la France sur la question :

La thérapeute psycho-coporelle Babette Rotschild, autrice de Le Corps se souvient, a également mis en évidence les ressources thérapeutiques du corps et de la conscience de soi dans l’accompagnement du trauma. En cabinet, je m’inspire souvent de ses pratiques de conscience corporelle.

La sophrologie peut apporter beaucoup aux victimes et personnes traumatisées. J’ai d’ailleurs orienté une part de ma pratique sur ce sujet : http://www.estellebayon.com/trauma/

Si vous souhaitez en savoir plus, comprendre, être accompagné·e, solliciter un atelier-conférence sur le sujet : Contactez-moi.