On ne le sait pas toujours, mais les psy féministes ont joué un rôle majeur dans la psychotraumatologie. Même le développement du « Trouble de Stress Post-Traumatique » leur doit beaucoup. Ainsi que les propositions de « Stress post-traumatique Complexe », ou encore la critique du concept de traumatisme lui-même…

En tant que psychotraumatologue féministe, je vous propose de réfléchir à ces apports et à la façon ils ont fait et font encore bouger les lignes de la santé mentale.

En commençant par une proposition peu connue : le trauma insidieux.

Le trauma insidieux est un concept développé par la psychologue féministe Maria Root, met en lumière l’impact profond et souvent invisible des microagressions répétées sur la santé mentale des individus marginalisés. Contrairement aux traumatismes les plus évidents, tels que les violences physiques ou sexuelles, le trauma insidieux s’installe insidieusement dans le quotidien des personnes, souvent sans qu’elles ne puissent identifier de manière claire ce qui leur cause une détresse.

Dans nos sociétés patriarcales, où les normes de genre et les rapports de pouvoir façonnent de manière systémique les interactions sociales, ce type de trauma touche particulièrement les femmes, les personnes queer et d’autres groupes minorisés. Les microaggressions – ces petites attaques quotidiennes, parfois banalisées, mais cumulées sur le long terme – créent un environnement de plus en plus toxique, jusqu’à provoquer stress, anxiété, consommations de substances, dépression voire paranoïa. Ce processus, bien qu’invisible à bien des égards, est profondément traumatique, et ses effets sont dévastateurs sur le bien-être psychologique des individus.

Dans cet article, j’explore ce qu’est le trauma insidieux, ses mécanismes et ses conséquences sur la santé mentale, en particulier pour les individus confrontés aux oppressions systématiques. Comment une approche thérapeutique féministe, en reconnaissant ces traumatismes dans leurs dimensions sociales et politiques, peut offrir un cadre de soin et de guérison ? Pourquoi est-il essentiel de prendre en compte ces formes de violences invisibles ? Comment peuvent-elles être accompagnées de manière sensible et inclusive en thérapie ?

Le trauma insidieux : définition et mécanismes

À l’origine de ce concept : Maria Root

Maria Root est une psychologue américaine originaire des Philippines, féministe et spécialiste de multiculturalisme. Et comme toutes les psy féministes, elle reste inconnue en France. Root a proposé plusieurs concepts féministes du trauma qui permettent de sortir des risques de la pathologisation que la notion de « trouble » de stress post-traumatique induit – malgré l’utilisé que peut avoir ce diagnostic. En 1992, elle introduit le concept de trauma insidieux. Ce type de traumatisme se distingue des formes plus visibles de violence, telles que les violences physiques ou sexuelles, qui sont clairement identifiables et généralement perçues comme des événements traumatiques majeurs. Et que Root appelle les « traumas directs ». À l’inverse, le trauma insidieux est un traumatisme subtil, souvent imperceptible, qui résulte de l’accumulation de microagressions – des comportements, des paroles ou des actions qui véhiculent des messages de dévalorisation ou d’invalidation, mais qui, à première vue, peuvent sembler anodins.

Root a mis en lumière l’idée que ce type de traumatisme ne se manifeste pas par un événement unique et brutal, mais plutôt par une accumulation de petites blessures invisibles et répétées, souvent liées à des dynamiques de pouvoir, de privilège et de discrimination. Contrairement aux traumatismes « évidents », comme les violences physiques ou sexuelles, les microagressions sont rarement perçues comme des actes violents à part entière, mais leur impact sur la santé mentale et émotionnelle des individus ciblés peut être tout aussi dévastateur.

L’une des caractéristiques principales du trauma insidieux est qu’il agit lentement et sournoisement, comme une sorte de poison qui s’infiltre dans la vie quotidienne des personnes marginalisées. Ou pour reprendre la métaphore proposé par Laura S. Brown, autre grande dame de la thérapie féministe : ce sont comme de petites gouttes d’acide tombant sur une pierre et qui, à chaque fois, causent peu de dommages et peuvent même graver la pierre de manière à la rendre plus belle. Ainsi, de certaines manières, l’expérience des microagressions quotidiennes peut évoquer des réponses de coping résilientes, tant chez les individus que dans les communautés ciblées par l’oppression systémique et l’invalidation. Pourtant, chaque goutte d’acide émotionnel crée suffisamment de dommages pour rendre la goutte suivante plus dommageable pour l’intégrité structurelle interne de la personne.

À travers des microagressions répétées et des gestes souvent banalisés, le trauma insidieux crée un stress chronique et des sentiments d’insécurité, bien qu’il soit difficile d’attribuer cette souffrance à un seul événement identifiable. Ainsi, le trauma insidieux peut passer inaperçu, même pour les individus qui le subissent, car il est souvent trop diffuse pour être directement reliée à une cause spécifique. Et iels peuvent ne pas se sentir « légitimes » dans leur détresse, la faisant taire et souffrant en silence.

Les microagressions et leur accumulation

Ces microagressions, selon Root, sont des comportements ou des commentaires quotidiens qui peuvent être verbaux, non verbaux ou environnementaux, et qui communiquent, souvent de manière inconsciente, des messages dévalorisants envers une personne en raison de son identité, de son sexe, de son orientation sexuelle, de sa race ou de son handicap. Elles attaquent une communauté et les personnes qui en font partie. Le concept de micro-agressions a été repris et largement développé en 2007 par Derald Wing Sue, un psychologue et chercheur connu pour ses travaux sur les dynamiques raciales et les discriminations.

Ces petites agressions peuvent prendre la forme de remarques stéréotypées, de rires gênants, de gestes d’exclusion, ou de préjugés subtils, mais elles agissent comme des trous dans la coque de l’estime de soi. Ce sont des petites phrases comme : « D’où viens-tu vraiment ? » à une personne française mais racisées, qui suggère qu’elle ne fait pas partie du « vrai » groupe national, malgré sa citoyenneté. « Tu as un beau visage » à une femme hors des canons de minceur, suggérant que son corps, lui n’est pas beau. Ou « Tu as l’air tellement bien pour une femme de ton âge », commentaire condescendant qui réduit la personne à son âge et à son sexe, sous-entendant qu’elle dépasse des attentes basées sur des stéréotypes de genre. 

Ce peut être aussi des attitudes, comme le fait d’interrompre systématiquement une femme, ou de lui parler d’une voix condescendante en l’appelant « chérie » ou « ma petite » ; de se précipiter pour aider une personne handicapée sans lui demander si elle a besoin d’aide, ou de la regarder avec pitié ; de rouler des yeux ou soupirer de manière audible quand quelqu’un de milieu modeste parle de ses expériences ou aspirations professionnelles ; de ne pas inclure une femme trans dans des invitations ou discussions d’un groupe de femmes ou de féministes.

L’impact de ces microagressions ne réside pas dans un seul acte, mais dans leur accumulation. À chaque nouvelle microagression, la personne cible subit une nouvelle forme de dévalorisation, un nouveau message qui dit : « tu n’es pas vraiment digne de respect » ou « tu n’es pas comme les autres, pas comme nous » ce qui exclue. Bien qu’un seul incident puisse paraître trivial et facilement oublié, l’ensemble de ces petites violences finit par peser lourdement sur le bien-être psychologique. Ce processus, répété à l’infini, peut créer un état de stress chronique, où la personne est constamment en alerte, cherchant à se défendre contre de possibles nouvelles attaques, et développe progressivement des signes de détresse émotionnelle tels que l’anxiété, la dépression, la honte, ou un sentiment de dévalorisation.

L’effet de cette accumulation est amplifié par le fait que ces agressions ne sont pas seulement verbales ou comportementales : elles sont souvent institutionnalisées et culturelles, enracinées dans des systèmes de domination plus larges, comme le patriarcat, le racisme, ou l’hétérosexisme. La société, dans son ensemble, normalise ces microagressions, rendant leur détection difficile, voire invisible. La personne affectée peut alors se retrouver dans une situation de doute, ne sachant pas si ses sentiments sont légitimes ou si elle exagère.

L’effet de l’invisibilité du trauma

Souvent masqué derrière des interactions apparemment banales, le trauma insidieux devient invisible non seulement aux yeux des autres, mais aussi de celui ou celle qui en est victime. Dans une société qui valorise l’individualisme et qui préfère attribuer la souffrance à des causes personnelles ou biologiques plutôt qu’à des dynamiques structurelles de pouvoir, il devient difficile de reconnaître que ce type de trauma n’est pas une simple conséquence d’un malheur isolé, mais bien le résultat d’un processus systémique de dévalorisation et d’oppression. La personne qui souffre de trauma insidieux peut alors se retrouver isolée, douter de ses propres perceptions, et se demander si son ressenti est légitime.

Cette invisibilité crée un vide de reconnaissance : non seulement la souffrance de la personne n’est pas visible, mais elle est également invalidée par l’environnement. Cela génère un cercle vicieux où la victime se sent seule, incomprise, et parfois même coupable de ressentir de la douleur face à ce qui semble être « juste des petites choses ». Le trauma insidieux devient ainsi un fardeau silencieux, amplifié par le manque de soutien et de validation des expériences vécues.

Les conséquences du trauma insidieux sur la santé mentale

Un déséquilibre de pouvoirs – plutôt qu’un déséquilibre de neurotransmetteurs

Les victimes de ce type de traumatisation sont souvent confrontées à maints symptômes (que les féministes requalifient plutôt en « signes de détresse ») : une fatigue chronique, un stress constant, une anxiété diffuse, une perte d’estime ou de confiance en soi, des pensées envahissantes, un épuisement émotionnel qui peut conduire à une dépression, souvent minimisée et négligée par les proches ou les professionnels de santé, qui ne reconnaissent pas l’origine systémique de ces symptômes. La dépression sera par exemple attribuée à un simple déficit de sérotonine que des médicaments pourraient rééquilibrer. À un déséquilibre de neurotransmetteurs quand il s’agit d’abord d’un déséquilibre de pouvoir.

Dans le trauma insidieux, la personne peut aussi ressentir une sensation constante de « marcher sur des œufs » ou une hypervigilance qui affecte son quotidien et ses relations. 

Les stratégies de résistance et d’adaptation

Pour faire face, les personnes victimes de microagressions développent des stratégies d’adaptation qui peuvent, dans un premier temps, sembler efficaces pour survivre dans des environnements oppressifs.

La dissociation est une réponse courante, où la personne se déconnecte émotionnellement de ses expériences de violence ou de rejet, créant une séparation entre son corps et ses émotions. Cela peut se manifester par un sentiment de détachement, de ne plus « ressentir » les agressions répétées, mais cela ne les efface pas. À long terme, cette dissociation peut entraîner de la dépression et de confusion intérieure, au prix de la négation de soi.

La suradaptation, quant à elle, est une stratégie où l’individu, souvent par souci de plaire ou d’être accepté, se conforme excessivement aux attentes du groupe dominant, parfois au détriment de son propre bien-être. Une femme dans un milieu professionnel masculin peut se « masculiniser » dans sa manière de parler, de se comporter ou d’interagir, afin de ne pas être perçue comme « trop émotive » ou « trop féminine ». Elle peut rire avec eux de blagues sexistes qui ne la font pas rire, voire la blessent. Cette adaptation peut offrir une forme de protection à court terme, mais elle engendre une pression constante, parfois insoutenable, et un épuisement psychologique.

Si elles sont efficaces à court terme pour éviter le conflit ou réduire les souffrances immédiates, ces stratégies deviennent progressivement un obstacle au bien-être.

Dynamique de pouvoir et dévalorisation des groupes marginalisés

Le système patriarcal, en normalisant les microagressions et les comportements discriminatoires, perpétue un cycle de dévalorisation pour les groupes marginalisés, les femmes, les personnes racisées et les minorités sexuelles. Cette dynamique de pouvoir est subtile mais omniprésente dans les structures sociales, culturelles et professionnelles. Les microagressions agissent ainsi comme des instruments de maintien de l’inégalité : elles sont banalisées et souvent minimisées, ce qui empêche une prise de conscience collective et individuelle de l’impact réel de cette violence quotidienne.

Le patriarcat, à travers ses normes et ses représentations sociales, fait en sorte que ces microagressions deviennent invisibles ou « normales », et ce, même pour celleuux qui les subissent. Par exemple, une femme qui est systématiquement coupée lors de réunions ou ignorée par ses collègues, sans que cela ne soit jamais remis en question, peut commencer à douter de ses propres compétences, plutôt que de remettre en question les comportements sexistes de ses interlocuteurs. De même, une personne racisée qui subit des remarques racistes comme des questions sur ses origines ou des compliments sur son « accent exotique », peut être amenée à internaliser ces jugements et à se sentir constamment en décalage – avec la norme blanche.

Les conséquences de cette dynamique sont multiples : elles nourrissent un sentiment d’isolement, d’infériorité et de dévalorisation, qui finit par s’ancrer dans la psyché des individus marginalisés. Par le biais du sexisme ou du racisme ou de l’homophobie intériorisées, le patriarcat et ses dérivés renforcent ainsi l’isolement et la résignation, entravant la capacité des individus à reconnaître la source structurelle de leur douleur et à se réapproprier leur pouvoir. C’est cette intériorisation de la violence qui affecte le plus profondément la santé mentale des victimes.

Reconnaître et traiter le trauma insidieux en thérapie féministe

L’approche féministe face au trauma insidieux

Contrairement aux approches thérapeutiques traditionnelles, qui peuvent minimiser ou ignorer l’impact des violences systémiques, la thérapie féministe prend en compte l’environnement social et politique de la personne, en incluant les dimensions de genre, de classe, de race et d’orientation sexuelle dans l’analyse du traumatisme. Cela permet de mieux comprendre comment les structures de pouvoir et d’oppression façonnent les expériences traumatiques vécues par les individus, en particulier ceux issus de groupes marginalisés.

Le trauma insidieux, bien qu’il soit souvent invisible et non reconnu par la société, a des effets délétères sur la santé mentale et l’estime de soi. Il n’est d’ailleurs pas reconnu par le DSM (le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ou la CIM (Classification Internationale des Maladies) qui servent de documents de référence à la majorité des psys. L’approche féministe considère ces traumatismes dans un cadre plus large, où la souffrance psychologique n’est pas simplement réduite à un phénomène individuel et logé dans votre seul cerveau, mais vue comme une conséquence d’un système oppressif plus vaste. En faisant le lien entre les traumatismes personnels et les violences structurelles, la thérapie féministe aide les patients à comprendre que leurs expériences de microagressions et de dévalorisation ne sont pas le fruit d’une fragilité ou d’un déficit personnel·les, mais des réponses légitimes et tout à fait sensées à un environnement hostile.

Ainsi, la thérapie féministe ne se contente pas de traiter les « symptômes » du trauma, elle permet également aux victimes de prendre conscience de l’origine sociale et politique de leur souffrance, ouvrant la voie à un processus de guérison qui inclut l’émancipation personnelle et collective. Et favorise la dés-identification aux violences intériorisées.

Stratégies thérapeutiques spécifiques

Pour traiter le trauma insidieux, plusieurs stratégies thérapeutiques peuvent être utilisées, toutes centrées sur l’écoute active, la validation et la déconstruction des normes oppressives. Parmi les techniques spécifiques, on peut utiliser :

  1. La validation des expériences vécues : L’une des étapes fondamentales dans la thérapie féministe est la validation des expériences vécues par le patient. C’est toujours l’expérience de la femme ou de la personne minorisées qui prime. Cette validation, qui consiste à reconnaître et affirmer que les microagressions et les violences subies sont réelles et méritent d’être prises au sérieux, est un acte thérapeutique profondément libérateur qui réhabilite la dignité de la personne. En effet, une personne qui a été confrontée à des traumatismes invisibles, souvent banalisés, peut se sentir invalidée, voire délégitimée, dans ses ressentis. La validation permet d’ouvrir un espace sécurisant où la souffrance peut être exprimée et comprise, tout en soulignant qu’il n’y a rien de « défectueux » chez la personne pour avoir réagi à des formes subtiles de violence.
  2. La reconnaissance du poids des microagressions : Dans un cadre thérapeutique féministe, la thérapeute doit être attentive aux microagressions que le patient rapporte, aussi petites ou subtiles soient-elles. L’approche féministe insiste sur l’importance de comprendre et d’explorer comment ces microagressions s’accumulent au fil du temps et influencent la vision de soi de la personne.
  3. L’intégration de la dimension sociale et politique : Un des fondements de la thérapie féministe est la prise en compte du contexte social et politique dans lequel évolue le patient. Cela implique de ne pas isoler le trauma de son environnement culturel, mais de comprendre comment les rapports de pouvoir et les normes de genre influencent la manière dont les individus vivent et interprètent leurs expériences. Les questions de pouvoir et d’inégalité structurelle sont essentielles pour saisir la profondeur de la souffrance des individus marginalisés. En intégrant ces dimensions dans la thérapie, la thérapeute aide le ou la client·e à distinguer la honte personnelle de la culpabilité collective, tout en lui donnant des outils pour comprendre que la souffrance n’est pas due à un défaut individuel, mais à une oppression systémique.

Importance du soutien communautaire

Le soutien communautaire joue également un rôle crucial dans la « guérison » (sachant que ce n’est pas une maladie). En effet, dans de nombreux cas, les personnes souffrant de trauma insidieux se retrouvent isolées dans leur douleur, souvent parce que leur expérience n’est pas reconnue par la société dominante. Qu’il soit social ou émotionnel, l’isolement peut aggraver le traumatisme en renforçant la sensation de ne pas être vue ou entendue. Le soutien communautaire, qu’il prenne la forme de groupes de parole, de réseaux de soutien entre pair·es ou d’organisations militantes, permet aux individus de se reconnecter à leurs semblables, de partager leurs vécus et de se soutenir mutuellement dans leur processus de guérison. Ce soutien joue également un rôle thérapeutique, car il permet de normaliser les expériences et d’apporter un contrepoids face aux messages d’invalidation reçus au quotidien.

La guérison n’est pas un processus linéaire, et le soutien collectif devient un moyen de surmonter les violences systémiques. En thérapie féministe, l’accent est mis sur l’empowerment et la redéfinition des relations de pouvoir, non seulement dans le cadre thérapeutique mais aussi au sein de la société dans son ensemble. Par le biais de l’éducation, du militantisme et de l’action collective, la guérison devient non seulement individuelle mais aussi une démarche politique, visant à déconstruire les systèmes d’oppression et à créer des espaces où les souffrances invisibles peuvent être entendues et traitées de manière juste et équitable.

Conclusion : Vers une guérison collective

Pour conclure, je vous invite à réfléchir à vos propres expériences et à la manière dont elles peuvent avoir été façonnées par des forces sociales invisibles. Comment le patriarcat, la normalisation des violences quotidiennes, et la présence constante de microagressions ont-iels pu influencer votre santé mentale et votre bien-être psychologique ? En étant attentif.ve à ces dynamiques, nous pouvons tous et toutes commencer à démanteler les structures oppressives qui affectent non seulement notre perception de nous-mêmes, mais aussi la façon dont nous interagissons avec le monde. Ces réflexions sont un premier pas vers la compréhension de ce trauma insidieux et vers la guérison.

Appel à l’action thérapeutique

La reconnaissance du trauma insidieux, particulièrement dans un cadre thérapeutique féministe, est essentielle pour permettre aux personnes marginalisées de retrouver leur pouvoir et leur voix. En comprenant que la souffrance psychologique qu’elles vivent n’est pas simplement le résultat d’un dysfonctionnement individuel, mais d’un contexte social et culturel plus large, les thérapeutes peuvent offrir un outil de transformation, non seulement pour les individus, mais aussi pour les communautés, en réaffirmant que les expériences vécues dans des systèmes oppressifs méritent d’être entendues, reconnues et guéries.

En somme, en tant que thérapeutes, nous avons la responsabilité de prêter attention à ces formes de trauma insidieux et de mettre en place des stratégies qui permettent à chaque individu, et en particulier aux personnes marginalisées, de surmonter les effets de l’oppression. Cela ne doit pas être une démarche passive, mais un engagement actif à soutenir la guérison individuelle et collective.