Face à l’adversité, nos corps et nos esprits déploient des stratégies de survie souvent instinctives. En psychotraumatologie, on parle des 4F : le Fight pour la confrontation, le Flight pour la fuite, le Freeze pour l’immobilisation, et plus récemment, le Fawn pour la tentative d’apaisement afin d’éviter le conflit. Mais qu’en est-il de ces réactions lorsqu’elles sont filtrées par le prisme de nos expériences de femmes ? Comment les injonctions sociales, les inégalités de pouvoir et les violences de genre façonnent-elles nos manières de réagir au trauma ?
Je vous propose de plonger au cœur de ces modes de réponse au trauma en adoptant un regard féministe. C’est-à-dire un regard qui politise l’intime. Pour comprendre et déconstruire ces réponses à l’adversité qui semblent si personnelles, biologiques, psychologiques, émotionnelles. Pour déculpabiliser et ouvrir des pistes de soin (féministe) afin d’éclairer comment les dynamiques de genre influencent la manière dont ces réactions se manifestent chez les femmes, comment elles sont perçues par la société, et quelles implications cela a sur notre bien-être et notre guérison.
Les 4F ?
Avant d’explorer plus en profondeur la manière dont le genre influence nos réponses au trauma, il est essentiel de définir brièvement ce que représentent ces quatre modes principaux :
- Le mode Fight (combat) se manifeste par une réaction d’opposition, d’agressivité ou de confrontation face à la menace perçue. Cela peut se traduire par une tentative de se défendre verbalement ou physiquement, de riposter ou de chercher à contrôler la situation.
Exemples : Face à une agression verbale, on hausse le ton, en argumentant vivement pour défendre son point de vue, ou en confrontant directement l’agresseur sur son comportement. Dans une relation abusive, on se met à crier, à repousser physiquement son partenaire lors d’une dispute, ou à chercher à contrôler la situation en prenant des initiatives ou en défiant l’autorité de l’autre.
- Le mode Flight (fuite) se caractérise par une tentative de s’éloigner physiquement ou psychologiquement de la source de danger. Cela peut impliquer de quitter les lieux, d’éviter le contact, de se distraire ou de se retirer émotionnellement (par les drogues et l’acool par exemple).
Exemples : Lors d’une dispute intense, on peut quitter la pièce brusquement, raccrocher au nez au téléphone, ou éviter tout contact visuel et toute discussion pour se soustraire à la confrontation. Face à un souvenir traumatique, on peut se distraire en regardant une série entière (binger), en s’immergeant dans son travail, ou en évitant les lieux ou les personnes qui rappellent l’événement.
- Le mode Freeze (sidération) se traduit par une immobilisation physique et une difficulté à réagir. La personne peut se sentir figée, incapable de bouger, de parler ou de penser clairement face à la menace.
Exemples : Lors d’un accident soudain, on peut se sentir incapable de bouger, de parler ou de réagir immédiatement après le choc, restant immobile et silencieuse. Face à une figure d’autorité intimidante , on peut se sentir paralysée par la peur, incapable de répondre à une question ou d’exprimer son désaccord, même si on le souhaiterait ou si on sait quoi dire.
- Le mode Fawn (apaisement), plus récemment identifié, se manifeste par une tendance à chercher à plaire, à se rendre utile et à éviter le conflit avec la personne perçue comme menaçante. L’objectif est de se rendre en sécurité en se montrant coopératif et non menaçant.
Exemples : Face à une personne en colère, on peut s’empresser de s’excuser même si on n’est pas sûr·e d’avoir fait quelque chose de mal, proposer de l’aide ou chercher à distraire la personne en colère pour calmer la situation. Dans une relation avec une personne narcissique, on peut constamment chercher à anticiper les besoins et les désirs de l’autre, à le complimenter et à éviter toute critique pour maintenir une relation stable et éviter les réactions négatives.
Ces réactions sont des réponses de survie naturelles et qu’aucune n’est intrinsèquement « mauvaise ». Elles ne sont pas exclusives : une personne peut expérimenter un mélange de ces réactions, ou passer de l’un à l’autre en fonction de la situation et de son vécu. L’enjeu réside souvent dans la flexibilité de pouvoir choisir sa réponse en fonction de la situation et de ne pas se sentir bloquée de manière chronique dans un seul de ces modes. Or c’est ce que fait le trauma : nous bloquer dans un seul de ces mécanismes, même lorsque la menace n’est plus présente.
Déconstruire le Fight : le problème avec la colère des femmes
La socialisation à la répression de la colère
Dès l’enfance, les filles sont souvent socialisées à être douces, empathiques, et à éviter les conflits. L’expression de la colère, une émotion pourtant humaine et nécessaire pour poser des limites, est fréquemment découragée, voire punie. On entend des phrases comme « une fille polie ne se met pas en colère », « sois gentille », ou encore « ne fais pas de vagues » ou « ne réponds pas ! ». Cette intériorisation de l’injonction au calme et à la docilité peut avoir des conséquences profondes sur notre rapport à la colère et à notre capacité à nous affirmer face à l’injustice ou à l’agression. Comment cette inhibition précoce façonne-t-elle notre réponse Fight face au trauma ?

La colère « illégitime » : un outil de disqualification patriarcale
Historiquement et culturellement, la colère des femmes a souvent été pathologisée et disqualifiée. Les termes « hystérique », « hormonale », « folle » ou « agressive » sont fréquemment utilisés pour décrédibiliser la colère féminine, la réduisant à une manifestation irrationnelle ou excessive, donc inappropriée. Cette perception patriarcale vise à maintenir les femmes dans une position de soumission, où leur désaccord ou leur révolte sont invalidé·es. Prenons l’exemple d’une femme qui exprime sa frustration face à une injustice au travail et qui se voit immédiatement qualifiée de « difficile » ou « émotive », tandis qu’un homme exprimant une opinion similaire sera perçu comme « passionné » ou « assertif ou affirmé». Lorsqu’une femme ose exprimer sa colère, elle se heurte souvent à des réactions disproportionnées, renforçant l’idée qu’il est gênant ou dangereux pour elle de le faire. Comment cette illégitimité construite impacte-t-elle leur capacité à se défendre et à se battre pour leurs droits face à des situations traumatisantes ?
La colère comme force de résistance et de changement
Pourtant, l’histoire des mouvements féministes est intrinsèquement liée à la colère collective. La rage face à l’oppression, à l’injustice et aux violences a été un moteur puissant de mobilisation et de transformation sociale. De la lutte pour le droit de vote aux dénonciations des violences sexistes et sexuelles, la colère des femmes, lorsqu’elle est collectivisée et canalisée, devient une force politique et un catalyseur de changement. Reconnaître la légitimité de cette colère, la nommer et l’exprimer collectivement est un acte de reprise de pouvoir essentiel.
Le Fight retourné contre soi ou l’autodestruction intériorisée
Lorsque l’expression saine de la colère est constamment réprimée, cette énergie ne disparaît pas pour autant. Elle se retourne souvent vers l’intérieur, vers soi, se manifestant par de l’autocritique virulente, un sentiment de culpabilité excessif, de l’auto-sabotage, voire des troubles anxieux ou dépressifs. Jusqu’à des scarifications. Une femme ayant subi une agression pourrait ne pas oser exprimer sa rage envers son agresseur (par peur des représailles, par intériorisation de la culpabilité, etc.). Cette colère refoulée pourrait alors se transformer en une voix intérieure incessante qui la critique, la juge et la dévalorise, alimentant un sentiment profond d’injustice et de souffrance. Cette lutte intérieure épuisante est une conséquence directe de l’inhibition de la puissance et de la capacité à se défendre dans le monde extérieur. Reconnaître ce mécanisme est un premier pas crucial vers la guérison et la réappropriation d’une colère saine et constructive.
Le Flight : la Fuite comme stratégie de survie face aux violences systémiques
La fuite comme protection active
Le mode « flight », souvent associé à l’évitement, prend une dimension particulière dans le vécu des femmes. Face à des situations de violence ou de danger, la fuite n’est pas toujours un signe de faiblesse, mais peut être une décision stratégique et courageuse pour se mettre en sécurité. Quitter un domicile conjugal où règne la violence, s’éloigner d’un environnement de travail toxique ou couper les ponts avec des relations abusives sont autant d’actes de « fuite » qui relèvent d’un instinct de survie puissant et d’une volonté de se préserver. Et donc… d’une certaine estime de soi, portée par l’idée que « je suis suffisament digne pour ne pas mériter ça ». Il est crucial de déconstruire l’idée que la fuite est passive et de reconnaître sa dimension active de protection et de dignité.
Obstacles systémiques à la « fuite »
Cependant, la possibilité de fuir n’est pas égale pour toutes. De nombreux obstacles systémiques et sociétaux peuvent entraver la capacité des femmes à se soustraire à des situations dangereuses. La dépendance économique vis-à-vis d’un partenaire violent, le manque de soutien familial ou social, la peur des représailles, ou la culpabilité intériorisée peuvent créer des barrières insurmontables. Plus largement, le contexte économique et la précarité du capitalisme, qui peuvent maintenir dans des situations de violences au travail (et pas uniquement pour les femmes). Les mères mono-parentales sont ainsi plus exposées aux violences. Ces obstacles sont souvent le reflet de structures patriarcales qui maintiennent les femmes dans des positions de vulnérabilité et limitent leurs options de sortie.

Des fuites psychologiques : Détachement et Dissociation
Lorsque la fuite physique n’est pas possible, il existe des formes de fuite psychologique qui se manifestent comme des mécanismes de protection face à un trauma persistant. Le détachement émotionnel, où l’on se coupe de ses propres sentiments pour ne plus souffrir, ou la dissociation qui permet de se sentir étranger·e à son propre corps ou à la réalité de la situation, sont des stratégies de survie psychologiques. Bien qu’elles puissent être adaptatives à court terme pour traverser des moments insoutenables, ces formes de « fuite » peuvent avoir des conséquences importantes à long terme sur la relation à soi et aux autres.
Le Freeze : une réponse à l’Impuissance Apprise dans un contexte de domination
Le Freeze et le sentiment d’impuissance face à l’oppression
Le mode Freeze, caractérisé par une paralysie physique et psychologique face au danger, trouve un éclairage pertinent dans le concept d’impuissance apprise, théorisé par le psychologue Martin Seligman. Cette théorie décrit un état psychologique dans lequel une personne, après avoir été exposée de manière répétée à des stimuli aversifs incontrôlables, finit par croire que ses actions sont inutiles et qu’elle est incapable d’influencer le cours des événements. Elle apprend ainsi un sentiment d’impuissance qui censure toute (ré)action.
À travers un regard féministe, ce concept nous aide à comprendre comment l’exposition répétée et systémique aux discriminations, aux inégalités et aux violences de genre peut engendrer chez les femmes un sentiment profond que toute tentative de résistance ou de changement est vaine. Face à la violence masculine, au harcèlement de rue incessant, aux inégalités salariales ancrées, ou aux stéréotypes de genre limitatifs, les femmes peuvent intérioriser l’idée que leurs actions n’ont que peu d’impact, et ainsi se décourager, menant à une réponse de Freeze comme une forme de résignation apprise. Cette inhibition n’est pas un manque de volonté individuelle, une marque de passivité féminine « naturelle », mais la conséquence psychologique d’un environnement perçu comme fondamentalement incontrôlable.

Rôles de genre et limitation de l’action
La socialisation de genre joue un rôle dans la prévalence de la réponse de Freeze. Les femmes sont souvent encouragées à être passives, à attendre qu’on agisse pour elles, à ne pas se défendre, ou à éviter de « faire des histoires ». Cette intériorisation de rôles passifs peut limiter leur capacité à développer des stratégies d’action face au danger. Le Freeze peut alors devenir une réponse par défaut, non pas par manque de volonté, mais par un manque d’entraînement social à l’affirmation et à la confrontation.
Le Freeze comme stratégie d’invisibilisation et de survie
Paradoxalement, l’état de Freeze peut aussi être une stratégie de survie dans des situations de domination. En se faisant « petite », en évitant le contact visuel, en se fondant dans le décor, une personne en état de Freeze peut chercher à ne pas attirer l’attention de l’agresseur ou du système oppressif. Imaginez une femme victime de harcèlement de rue. Face à des remarques dégradantes et intrusives, sa réaction immédiate peut être de se figer : elle baisse les yeux, accélère le pas sans répondre, son corps se tend et se fait le plus discret possible. Dans cet instant, le Freeze n’est pas un manque de réaction, mais une tentative instinctive de se protéger, de ne pas provoquer davantage l’agresseur et d’échapper à la situation sans escalade. Cependant, cette invisibilisation a un coût psychologique important, pouvant entraîner un sentiment de déconnexion de soi et une perte d’estime de soi. La colère ressentie ne peut s’exprimer, la peur se cristallise dans le corps, et un sentiment d’impuissance s’installe.
Le Fawn : sur-adaptation et people-pleasing comme stratégies de survie genrées
La socialisation au care et à l’évitement du conflit
Le mode Fawn, qui se manifeste par une tendance à chercher à apaiser les autres, à leur plaire, à se rendre utile pour éviter tout conflit, et toute escalade d’agression, trouve des racines profondes dans la socialisation de genre. Dès leur plus jeune âge, les filles sont souvent encouragées à être gentilles, serviables, empathiques et à prioriser les besoins des autres avant les leurs. L’injonction à « faire plaisir » et à maintenir l’harmonie dans les relations est omniprésente dans leur éducation. Dans un contexte de stress ou de danger, cette socialisation peut se traduire par une réponse de Fawn instinctive : chercher à désamorcer la situation en se montrant coopérative, en minimisant ses propres besoins et en se concentrant sur ceux de l’autre – perçu comme potentiellement menaçant.
Un risque d’effacement de soi et de vulnérabilité accrue
Bien qu’elle puisse apporter un soulagement immédiat en évitant la confrontation, la stratégie du Fawn comporte un risque majeur : celui de l’effacement de soi. En se concentrant constamment sur les besoins et les désirs des autres, la personne qui « fawn » tend à négliger ses propres limites, ses propres émotions et ses propres besoins. Cette déconnexion de soi rend les femmes particulièrement vulnérables à l’exploitation et à l’abus. La difficulté à dire « non », la peur de décevoir ou de provoquer la colère de l’autre peuvent les piéger dans des dynamiques relationnelles déséquilibrées et potentiellement dangereuses.

Une réponse au déséquilibre de pouvoir
Dans des situations marquées par un déséquilibre de pouvoir, comme face à une figure d’autorité abusive ou à un agresseur, le Fawn peut apparaître comme une tentative de survie. En se montrant soumise, agréable et non menaçante, la personne cherche à apaiser l’autre, à éviter sa colère ou sa violence. C’est une stratégie de marchandage implicite : « si je suis gentille et coopérative, peut-être que je serai en sécurité ». Cette réponse est souvent le reflet d’une intériorisation de la responsabilité de la sécurité de l’autre, où le bien-être de l’agresseur est inconsciemment priorisé pour éviter des conséquences négatives.
Se défaire du Fawn : affirmation de soi et reconnaissance de ses propres besoins.
Reconnaître le mode Fawn comme une stratégie de survie apprise, souvent ancrée dans notre socialisation de genre, est la première étape pour s’en défaire. Le chemin vers l’apaisement et la reprise de pouvoir passe par la réappropriation de ses propres besoins, l’apprentissage de l’affirmation de soi, la capacité à poser des limites saines et à exprimer ses émotions authentiquement, y compris la colère. Déconstruire les injonctions sociales qui nous poussent à toujours faire plaisir – tout en reconnaissant l’origine et les intérêts de ces stratégies – est un processus essentiel pour cultiver des relations plus équilibrées et un respect de soi profond.
Les 4F et l’alcoolisme des femmes
Pour finir, un mot sur la consommation d’alcool chez les femmes, un sujet tabou dont on parle un peu plus dernièrement – voir à ce sujet l’émission C ce soir du 13 mai 2005, ou le livre de Claire Touzard, Sans alcool. La consommation d’alcool, et plus encore la dépendance, est particulièrement stigmatisée chez les femmes. Elle suscite souvent des réactions de honte, de culpabilité, et d’exclusion sociale, bien plus marquées que chez les hommes, et plus couteuse pour leur santé physique. Cette stigmatisation renforce le silence, empêche de demander de l’aide, et invisibilise les raisons profondes qui peuvent pousser certaines femmes à boire. Dans une perspective féministe, il est crucial de reconnaître l’alcool comme une stratégie de gestion de la détresse, et non comme un simple échec moral ou personnel, une failite de la volonté comme on l’entend trop souvent.
Lorsque les réponses 4F (fight, flight, freeze, fawn) sont bloquées, interdites ou stigmatisées — comme c’est fréquemment le cas pour les femmes socialisées à ne pas exprimer leur colère (fight), à ne pas fuir leur rôle relationnel (flight), à intérioriser la dissociation (freeze), ou à se suradapter pour préserver la paix (fawn) — l’alcool peut apparaître comme une stratégie de régulation émotionnelle là où aucune autre issue n’est disponible ou reconnue. Dans un monde qui tolère ou banalise les violences faites aux femmes, mais juge sévèrement leurs tentatives d’y survivre, l’usage de l’alcool peut ainsi fonctionner comme une tentative de tenir, de s’anesthésier, ou de rendre supportable l’insupportable. Cela ne le rend pas sans risques, mais recontextualise ces usages dans une logique de coping structurel (le coping = les stratégies pour « faire face »), et non d’échec personnel.
L’alcool peut ainsi se greffer aux dynamiques propres à chacun des profils 4F, en offrant une forme de soulagement transitoire là où les réponses de survie restent bloquées ou socialement inaccessibles. Pour les femmes en mode freeze, l’alcool peut permettre de réduire l’anxiété chronique, d’engourdir les affects trop douloureux, ou à l’inverse de raviver un corps figé, en favorisant une forme de relâchement sensoriel. Dans les configurations marquées par le fawn, où l’énergie est mobilisée pour plaire, s’ajuster, éviter les conflits, l’alcool peut temporairement désamorcer l’épuisement, aider à « tenir le rôle » de la femme cool et inoffensive, ou suspendre l’hypervigilance relationnelle. En mode flight, où l’agitation interne pousse à l’évitement ou à la fuite mentale, l’alcool peut jouer un rôle de ralentisseur du système nerveux, comme une tentative de freiner la course. Enfin, dans les réponses fight refoulées — colère réprimée, frustration tue — l’alcool peut servir de soupape, atténuant ou déviant une énergie agressive qui n’a pas d’espace d’expression légitime.
Dans tous ces cas, l’usage de l’alcool ne se comprend qu’en lien avec des contextes de survie, et les scripts genrés qui en balisent les formes possibles.
Conclusion. Pour une relecture féministe de nos réponses au trauma
Une lecture féministe – donc à travers le prisme des expériences de femmes et/ou des personnes minorisées – met en lumière comment les dynamiques de genre façonnent profondément les réactions face au trauma. Alors même que nous y voyons des réponses très personnelles, liées à nos biologies, notre système nerveux, les féministes nous rappellent toujours que « le personnel est politique ». Sans nier la part la part neurologique de ce fonctionnement, il est important de rappeler que même là, il y a du politique : des rapports de genre qui sont des rapports de pouvoir.
Il est crucial de se rappeler que ces réponses sont des mécanismes de survie, des adaptations ingénieuses à des situations anormales et souvent dangereuses. Les reconnaître sous un angle féministe permet de déculpabiliser ces réactions et de commencer à les déconstruire pour faire un autre récit. En comprenant l’influence des normes de genre sur les manières de réagir, nous pouvons initier un chemin vers la guérison, sortir d’un récit victimaire pour aller vers la reprise de pouvoir.
Ce chemin implique de réapprendre à écouter ses besoins, à honorer TOUTES ses émotions (y compris la colère, y compris la honte), à poser des limites saines et à cultiver l’affirmation de soi. Il s’agit aussi de construire des réseaux de soutien féministes où les expériences sont validées et où les personnes peuvent collectivement se soutenir dans leurs processus de guérison. Éclairer les réponses au trauma d’une lumière féministe redonne les moyens de se réapproprier ses histoires et de tracer des voies vers un avenir plus juste et plus épanouissant pour toutes.
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